Témoignage d’un post-partum éprouvant

Témoignage d’un post-partum éprouvant

En octobre 2022, j’ai rencontré mon troisième enfant dans la même chambre de la même maison de naissance où j’avais donné naissance, deux ans plus tôt, à ma fille. 

Je pensais beaucoup aux minutes après lorsque je traversais mes contractions. Je m’accrochais à l’image de mon bébé enfin dans mes bras, mangeant mon coloré et généreux plateau de fruits, ivre d’hormones, collée sur mon chum. 

Je savais évidemment que je devais calibrer mes attentes face à cette vision (un peu trop) paisible, car l’enfantement ne se termine pas à l’accouchement du placenta. Mais tout le reste devient écho assez facilement lorsque tu sécrètes une dose impressionnante d’ocytocine en peau à peau avec l’humain.e – en parfaite santé - que tu as fabriqué de toutes pièces neuf mois durant. Malgré le corps qui travaille encore fort, malgré les tremblements identiques à ceux résultant d’une plonge dans le fleuve hivernal, malgré la sensation étrange de devoir réapprendre à respirer avec des organes pas comprimés, je considère les minutes après l’accouchement comme le paroxysme du paisible, comme l’ultime hashtag gratitude. On ne le.la connait pas encore, notre enfant, ce qui rend cet amour qui déborde de partout particulièrement émouvant. Aimer si fort une personne dont on ne sait rien encore, ça n’arrive qu’avec les enfants. Aimer de façon si désintéressée et instinctive, il n’y a aucune traduction possible en mots, pour ça. 

Sauf que je n’ai pas tenu mon bébé dans mes bras, dans les minutes suivant mon accouchement.

Il a fallu couper le cordon ombilical rapidement pour le placer dans une grosse machine bruyante qui fait peur. « Qu’est-ce que mon bébé fait dans un Transformer? »

« Il va bien, mais il a du liquide amniotique dans les poumons. On l’aspire grâce à cette machine, c’est super efficace. » Ok ok, ai-je répondu en tremblant, pas rassurée pour autant. Ce n’était pas ok ok, l’impuissance et la chienne m’avalaient. J’avais froid, je voulais me couvrir de mon bébé. 

Quelques heures plus tard, nous étions transférés à l’hôpital. 

( Divulgâcheur : mon bébé se porte merveilleusement bien et cette expérience douloureuse n’est aujourd’hui qu’une épaisse brume dans mes souvenirs. )

J’ai donc vécu mes lochies et mes tranchées en cochant toutes les contre-indications possibles.

Douleur post accouchement (aka ce que j’aurais aimé qu’on m’explique la première fois)

Lorsque j’écrivais que l’accouchement ne se termine pas à la sortie du placenta, c’est parce que notre utérus doit rapidement réduire de taille question d’éviter de trop grandes pertes de sang. Il ne reprendra sa taille normale qu’environ un à deux mois plus tard, mais le gros du travail se fait dans les 48 heures suivant l’enfantement. Les tranchées sont les contractions qui permettent ce mouvement et pour moi, elles font partie intégrante de l’expérience de l’accouchement.

Les tranchées sont plus douloureuses à chaque nouvel enfantement et sont plus fortes lors de l’allaitement. Comme il s’agissait de mon 3e enfant et que j’avais, en plus demandé qu’on m’administre en prévention un médicament forçant mon utérus à se contracter afin d’éviter une hémorragie, je pense qu’il est raisonnable d’affirmer que je me sentais comme si on m’avait lancé le sortilège Endoloris.

Ensuite viennent les lochies, qui aident également l’utérus à retrouver sa taille d’origine.  Il s’agit de pertes contenant du sang, du mucus cervical et des résidus utérins qui durent de 10 jours à 6 semaines.  Les premiers jours, elles sont plus abondantes que les menstruations (les heures suivants l’accouchement, une personne qui accouche perd environ 500 ml de sang) pour ensuite diminuer graduellement. Elles viennent et reviennent de façon irrégulière pendant 6 semaines

Les lochies servent également à « la cicatrisation de la plaie utérine laissée par l’expulsion du placenta après l’accouchement. »

Bref, ces deux étapes sont essentielles au bien-être des corps avec un utérus. Il faut donc privilégier le calme, la position couchée et toutes formes de self-care qui sont accessibles en position couchée (parole de ma merveilleuse sage-femme!)

Il va sans dire que traverser ses tranchées et les premières heures de ses lochies stressée, épuisée et assise contorsionnée sur une petite chaise de cuirette d’hôpital aussi confortable qu’une brassière avec armature n’est pas recommandé pantoute.

Aussi, mes mamelons étaient extrêmement gercés (chaque début d’allaitement a été une leçon de grande persévérance de mon côté, car mes mamelons sont très courts. Je le mentionne simplement par souci de n’apeurer personne.) Chaque tétée étant accompagnée d’une tranchée, j’ai tellement pleuré de douleur que je ne pensais pas y arriver, cette fois-ci. 

J’avais peur, j’étais triste, j’étais physiquement épuisée, je vivais 1000 deuils liés à un accouchement « pas comme dans mes plans », je m’ennuyais de mes deux autres enfants et j’avais viscéralement mal de façon littérale et figurée. 

Les personnes qui ont des utérus endurent des douleurs astronomiques.

Les mères ne sont pas de simples Moldus. 

Mon corps avait vécu beaucoup de stress et d’inconforts : mes lochies en témoignaient, contenant des caillots de sang gros comme des balles de golf. En effet, des efforts inhabituels après un accouchement peuvent causer des lochies plus rouges et abondantes. (Consultez tout de même un.e médecin ou sage-femme si cela se produit.)

Mes culottes menstruelles : mes alliées de lochies

Après quatre interminables nuits, nous étions enfin en direction de la maison. 

Ma joie et ma fierté ont coulé sur mes joues lors de la rencontre de la fratrie. Mon cœur, déjà musclé à exploser d’amour tous les jours, débattait d’avoir les deux pieds dedans le tant espéré et attendu, le grandiose qui allait pourtant devenir le banal du quotidien. 

Mais avant de vivre ce moment marquant, je me suis précipitée sur mes culottes menstruelles. Sans blague. Mon corps méritait une hospitalité attentionnée après avoir enduré autant d’inconforts physiques et mentaux. D’ailleurs, le Kit post-partum a justement été pensé pour les flux abondants de cette période. (N'oubliez pas de changer la serviette toutes les 4 heures lors des premiers jours des lochies afin d’éviter les infections.)

Mes culottes menstruelles ont été mes alliées toute la durée de mes lochies, et même quelques semaines supplémentaires, car (real talk ici) la grossesse et l’accouchement peuvent parfois rendre le contrôle des fuites urinaires difficile. (D’ailleurs, je vous conseille FORTEMENT de la physiothérapie périnéale et pelvienne à la suite d’un accouchement. De nombreux pays offrent ce service gratuitement aux nouvelles mères, car c’est primordial pour le rétablissement, mais pas ici…) Et même lorsque mon plancher pelvien était ré-apprivoisé, j’ai choisi la prévention (et le confort) en les portant pour aller au iSaute avec mes enfants à sept semaines post-partum (le choix de l’activité serait à discuter, mais la décision de sautiller avec mes Mme L’Ovary était irréprochable.)

C’est pour cela que je désirais témoigner de mon expérience. Mes culottes menstruelles ont été un véritable game changer niveau confort autant pour les longues heures d’allaitement que pour jouer à la cachette avec mes deux autres enfants énergisé.es par des nuits pas mal plus réparatrices que les miennes. Aussi, ce n’est pas négligeable lors du baby blues (une petite déprime passagère durant de quelques jours à deux semaines à la suite de l’enfantement, causé par la chute hormonale et la fatigue), de se trouver hot parce que nos sous-vêtements nous font de belles fesses tout en s’accordant parfaitement avec nos valeurs. (Mais le fait de fabriquer un.e humain.e et de l’enfanter sont aussi de pas pires raisons de se trouver invincibles.) 

Sources 

https://naitreetgrandir.com/fr/grossesse/accouchement/recuperer-apres-accouchement/

https://www.passeportsante.net/fr/grossesse/Fiche.aspx?doc=lochies-sur-saignements-apres-accouchement

https://www.inspq.qc.ca/mieux-vivre/accouchement/premiers-jours/corps-apres-l-accouchement